Déclaration de VJI: Le nouveau chef de la Commission canadienne des droits de la personne n’a aucune raison de s’excuser

Voix juives indépendantes Canada (VJI) se joint à la Commission des droits de la personne du Yukon et à une coalition de groupes de la société civile dirigée par le Black Class Action Secretariat pour rejeter les appels à l’annulation de la nomination de Birju Dattani à la tête de la Commission canadienne des droits de la personne (CCDP).

M. Dattani a été nommé par le procureur général Arif Virani le 14 juin 2024, devenant ainsi la première personne d’une minorité visible et le premier musulman à être sélectionné pour ce poste. Depuis, il est sous le feu des critiques du National Post et de groupes de pression pro-israéliens, qui se réfèrent à des tweets qu’il a faits et à des panels auxquels il a participé il y a plus de dix ans, alors qu’il était étudiant, pour insister sur le fait qu’il est partial, antisémite et inapte à occuper ce poste. 

Il a notamment été accusé d’avoir partagé la scène à l’université de Cambridge et à la London School of Economics avec Ben White, un journaliste respecté qui a écrit quatre livres sur le Moyen-Orient et dont les articles sur Israël et la Palestine ont été publiés dans The Guardian et The Independent.  Il a également été accusé de soutenir le mouvement non violent de boycott, désinvestissement et sanctions (BDS) dirigé par les Palestiniens, alors qu’il n’a fait que parler de ce mouvement lors d’un événement organisé sur le campus il y a plus de dix ans. 

Pour être clair, il n’y a rien de mal ou d’antisémite à soutenir le movement BDS, et suggérer le contraire relève du racisme anti-palestinien (« diffamer les Palestiniens et leurs alliés avec des calomnies telles qu’elles sont intrinsèquement antisémites »).

Plus récemment, il a été critiqué pour avoir soutenu, dans une publication universitaire, que le terrorisme peut être fondé sur des calculs rationnels et ne pas être uniquement motivé par des objectifs fondamentalistes irrationnels. Il s’agit bien sûr d’un truisme et bien sûr que cela ne signifie pas qu’il soutient les actions terroristes, mais cela a quand-même été présenté comme une raison supplémentaire de le renvoyer. 

Le gouvernement fédéral a néanmoins annoncé qu’il ouvrait une enquête indépendante sur cette affaire et les groupes de pression pro-israéliens don le Centre consultatif des relations juives et israéliennes (CIJA), B’nai Brith Canada et Friends of the Simon Weisenthal Centre demandent que sa nomination soit annulée. Et ce, bien que M. Dattani se soit « excusé auprès des membres de la communauté juive pour la douleur causée par les tweets qu’il a publiés ». 

CIJA a même eu l’audace d’insister pour que M. Dattani accepte la définition de travail controversée et largement discréditée de l’antisémitisme de l’International Holocaust Remembrance Alliance (IHRA) comme condition pour conserver son poste. Il est à noter que la définition de la IHRA a été sommairement rejetée par les organisations de défense des droits de l’homme les plus importantes du monde, y compris en Israël, et par l’ancien rapporteur spécial des Nations unies sur le racisme, E. Tendayi Achiume, qui a dénoncé « le statut controversé, les effets de division et les impacts négatifs sur les droits de l’homme » de l’IHRA. 

M. Dattani a affirmé que rien de ce qu’il a dit ou fait ne va à l’encontre de l’IHRA. Bien que cela semble vrai, cela ne devrait pas être pertinent. Si la définition de l’IHRA était réellement « non contraignante », comme le suggèrent ses chantres, son soutien ne devrait pas être une exigence, de surcroît de la part d’une personne chargée de statuer de manière impartiale sur des questions concernant toutes les communautés du Canada. La seule condition pour ce poste, outre des références satisfaisantes, devrait être un engagement clair en faveur d’une posture véritablement antiraciste et faisant la promotion de la promotion des droits de la personne pour tous, ce que Dattani remplit clairement.

Assez d’accusations de mauvaise foi et de remise en question de son intégrité. Un examen rapide des faits montre clairement que Dattani n’avait aucune raison de s’excuser et que les appels à l’abandonner sont, comme pour l’IHRA, des efforts à peine voilés, motivés par des considérations politiques, pour protéger Israël – un État qui commet actuellement un génocide à Gaza – de toute action politique et de toute critique. 

En tant que Canadien.ne.s juif.ves, nous attendons avec impatience que Dattani prenne ses fonctions plus tard cet été et nous demandons au ministre Virani de procéder comme prévu.