Lundi, après des semaines de manifestations massives, le premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a finalement annoncé qu’il mettait « sur pause » le plan controversé de son gouvernement d’extrême droite pour refondre le système judiciaire du pays.
Pour que son ministre fasciste de la sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, accepte cette pause, M. Netanyahou lui a donné le pouvoir d’établir une nouvelle « garde nationale », qui agirait comme sa propre milice privée pour terroriser les Palestiniens. Une telle force sous le commandement de Ben-Gvir pourrait avoir des conséquences désastreuses pour les Palestiniens.
Certains y voient néanmoins une possible victoire de la démocratie israélienne. Mais que les choses soient bien claires : avec ou sans refonte du système judiciaire, Israël n’est pas une authentique démocratie et ne l’a jamais été. Une démocratie réservée à la population juive, c’est un apartheid.
Il est indéniable que les plans de refonte de la Cour suprême mis de l’avant par Netanyahou constituent un coup d’État antidémocratique. Les ministres fascistes et d’extrême droite du gouvernement israélien considèrent la Cour comme allant à l’encontre des intérêts du pays, entravant parfois même l’accaparement des terres palestiniennes par Israël. Mais le fait est que la Cour a toujours marginalisé et statué contre la population palestinienne.
C’est ce tribunal qui a approuvé la Loi Israël – État-nation du peuple juif en 2018, une loi enchâssant la suprématie juive en Israël et reléguant les personnes palestiniennes munies d’un passeport israélien au statut de citoyen·nes de second ordre. C’est ce tribunal qui, l’année dernière, a approuvé le nettoyage ethnique de la communauté palestinienne de Masafer Yatta tout entière. Les cas de complicité de la Cour suprême avec l’apartheid et la nakba sont trop nombreux pour qu’on en fasse le décompte.
Il est effectivement impressionnant qu’un mouvement populaire de masse soit en mesure de bloquer un plan gouvernemental impopulaire. VJI est particulièrement inspiré par le bloc radical qui, dans le cadre de ces manifestations, appelle à mettre fin à l’apartheid israélien. Certaines personnes s’étonnent du caractère pacifique de ces manifestations. Mais comme nous le rappelle le journaliste et universitaire juif américain, Peter Breinart, lorsque la population palestinienne manifeste pour revendiquer ses droits, comme le fait actuellement la population israélienne juive, les manifestant·es sont très souvent battu·es, emprisonné·es ou pire, tué·es.
Israël se retrouve au bord d’un précipice historique, et personne ne peut prédire ce que réserve l’avenir. Mais que Netanyahou persiste ou non avec sa réforme de la justice, Israël ne sera pas une véritable démocratie pour l’ensemble des personnes vivant sous son autorité entre le fleuve et la mer. La seule façon de garantir une authentique démocratie est de mettre fin à l’apartheid et de lutter pour une véritable égalité et une pleine liberté pour toustes. Si cette lutte vous tient à cœur autant qu’à nous, joignez-vous à Voix juives indépendantes.