Des Juif-ves du Canada exigent des mesures en réponse au pogrom perpétré récemment en Israël et aux commentaires d’un ministre appelant Israël à « anéantir » un village palestinien

Voix juives indépendantes Canada (VJI) demande au gouvernement du Canada de prendre des mesures immédiates en réponse aux récents commentaires d’un ministre israélien pour qui le village palestinien de Huwara devrait être « anéanti ».

À l’occasion d’une conférence organisée par le journal The Marker, le ministre des Finances, Bezalel Smotrich, qui est également le ministre de la Défense responsable des affaires civiles en Cisjordanie occupée, a déclaré que selon lui, « le village de Huwara doit être anéanti » et que c’est « l’État d’Israël qui devrait le faire », plutôt que de simples citoyens. Petite ville palestinienne située en périphérie de Naplouse et entourée de colonies, Huwara est depuis longtemps soumise à la violence des colons israéliens et aux caprices d’Israël, qui paralyse régulièrement ses infrastructures.

Les commentaires du ministre surviennent quelques jours seulement après le violent saccage mené par des colons israéliens à Huwara et dans les villages voisins, un événement qui a été qualifié de pogrom par de nombreux observateurs, dont le général de l’armée israélienne responsable des troupes en Cisjordanie et l’ancien directeur de l’Anti-Defamation League. Une foule de plus de 400 colons israéliens a attaqué les villages palestiniens de Huwara, Zaatara, Burin et Asira al-Qibliya, brûlant des dizaines de maisons, tuant un Palestinien de 37 ans et blessant des centaines de personnes sous le nez des forces israéliennes. L’homme qui a été tué, Samih al-Aqtash, revenait tout juste de Turquie, où il s’était porté volontaire pour venir en aide aux victimes du tremblement de terre. Il est le 67e Palestinien tué par l’armée israélienne ou par des colons cette année.

Un pogrom est défini comme une violente attaque menée dans l’intention de massacrer ou d’expulser un groupe de personnes en particulier. Ce terme yiddish est apparu à la fin du XIXe siècle pour désigner les attaques dirigées contre les populations juives sous l’Empire russe. Nous employons le mot « pogrom » pour souligner que les colons israéliens recréent actuellement le même type de terrorisme ciblé et racisé qui a longtemps visé les Juif·ves en Europe. Nous employons aussi ce mot pour souligner l’hypocrisie des affirmations selon lesquelles les attaques menées par des colons juifs servent à préserver la sécurité de la population juive.

Un très grand nombre de Juif·ves au Canada et en Israël, dont plusieurs de nos membres, ont des ancêtres qui ont subi d’horribles attaques antisémites ciblées en Europe. Beaucoup de nos membres descendent de survivant·es de l’épuration ethnique et du génocide ou y ont eux-mêmes survécu. Ces atrocités historiques ont souvent commencé par des pogroms que les autorités de l’époque ont ignorés ou officiellement autorisés.

Les commentaires formulés hier par Smotrich signalent un appui clair au pogrom de dimanche et constituent un appel explicite au nettoyage ethnique, voire au génocide pur et simple. À cela nous répondons, haut et fort, sans équivoque : « pas en notre nom! »

Ce à quoi nous assistons actuellement en Israël a certainement de quoi choquer, mais ce n’est en aucun cas une aberration. Encouragés par l’impunité que leur assurent des pays comme le Canada et d’autres gouvernements occidentaux, le gouvernement israélien et les groupes de colons sont seulement plus directs quant à leurs objectifs de colonisation et leur volonté de déplacer, de remplacer et d’éloigner la population palestinienne des territoires qu’ils revendiquent. Israël est d’ailleurs fondé sur le nettoyage ethnique de 750 000 Palestinien·nes, un événement connu sous le nom de Nakba, la « catastrophe », qui se poursuit jusqu’à ce jour, 75 ans plus tard.

IJV demande au Canada de désigner clairement comme du nettoyage ethnique ce que le gouvernement israélien appelle de ses vœux, et de condamner les commentaires du ministre Smotrich dans les termes les plus sévères possible. Le Canada ne peut pas sérieusement se dire vigilant à l’égard du nettoyage ethnique et du génocide, et en même temps refuser de dénoncer les actions d’Israël et son incitation à ces actes odieux.

IJV relaie également les appels adressés au gouvernement canadien à boycotter le nouveau gouvernement israélien d’extrême droite et à plaider en faveur d’une protection internationale du peuple palestinien sans défense vivant actuellement sous la domination israélienne.

Enfin, IJV appelle les organismes représentant les communautés juives canadiennes à condamner fermement le pogrom mené par les colons et les incitations à la violence lancées par des représentants du gouvernement. Nos communautés doivent incarner un leadership moral clair et demander des comptes à Israël.

Israël n’hésite pas à dire les choses telles qu’elles sont. Les Canadien·nes ne devraient pas hésiter non plus.