
Cela fait maintenant un mois que le premier campement étudiant en solidarité avec la Palestine a été établi sur le terrain inférieur de l’Université McGill à Montréal. Depuis, des dizaines de campements similaires ont vu le jour à travers le Canada.
Le simple fait que les étudiant.e.s et leurs alliés aient pu maintenir des camps pendant le dernier mois est une victoire en soi et montre que le mouvement de solidarité pour la libération de la Palestine au Canada est plus fort que jamais. Les campements étudiant.e.s remportent également des victoires matérielles sur le terrain à travers le Canada et VJI salue et cherche à souligner ces étapes historiques.
À Montréal, l’Université du Québec à Montréal (UQAM) est devenue la première institution post-secondaire canadienne à prendre fermement position contre le génocide en cours à Gaza et a publié une déclaration dénonçant le scolasticide permanent perpétré par Israël contre les étudiant.e.s, les professionnels universitaires et les universitaires palestinien.e.s.
L’UQAM est également devenue la première université canadienne à subordonner tous les accords futurs – à l’heure où nous écrivons ces lignes, l’UQAM n’en a aucun – avec des institutions israéliennes au respect par ces institutions des principes fondamentaux du droit humanitaire international et de la non-discrimination, en particulier sur la base de la race et du genre. Étant donné la complicité de toutes les institutions post-secondaires israéliennes dans l’oppression et la dépossession continues du peuple palestinien – telles que documentées par des universitaires israéliens comme Ilan Pappe et Maya Wind – en adoptant une telle position, l’UQAM est devenue de facto la première université canadienne à appliquer, au niveau institutionnel, un boycott académique des institutions israéliennes. La dernière étape de ce processus de consécration du boycott académique des institutions israéliennes qui violent le droit international est un vote du conseil académique de l’UQAM le 4 juin. Les étudiants ont accepté de démanteler le camp à condition que le conseil académique confirme ces avancées historiques.
Ailleurs à Kingston, en Ontario, les étudiants de l’Université Queen’s ont démantelé leur campement après avoir obtenu des garanties significatives de la part de l’administration de l’université: notamment que cette dernière procède à un désinvestissement des entreprises qui profitent de l’occupation israélienne.
Une démarche similaire a été entreprise par les étudiants de l’Université McMaster à Hamilton, en Ontario, où l’administration a acquiescé à un certain nombre de demandes du campement, notamment l’établissement d’un cadre pour les échanges inter-universitaires qui garantira que toutes les institutions avec lesquelles McMaster a des accords respectent le droit international et les droits de l’homme, à l’instar des gains obtenus par les étudiants de l’UQAM. Les courageux étudiants de McMaster ont également réussi à faire en sorte que leur université divulgue et se désengage des entreprises qui profitent directement ou indirectement de l’oppression du peuple palestinien et de la dépossession de ses terres.
À Oshawa, les étudiants de l’Ontario Tech University ont réussi à garantir que leur administration mette en place un groupe de travail qui veillera à ce qu’aucun des investissements de l’université n’enfreint le droit international et ne contribue de quelque manière que ce soit à la poursuite de du nettoyage ethnique israélien.
L’UQAM et l’Ontario Tech University ont également promis de créer des fonds de bourses d’études pouvant aller jusqu’à 100 000 dollars pour les étudiant.e.s palestinien.e.s. Grâce à la pression exercée par les étudiant.e.s, l’université McMaster va créer un fonds de 200 000 dollars pour les universitaires et les étudiant.e.s palestinien.e.s.
VJI a soutenu les campements d’étudiants de multiples façons, depuis les étudiant.e.s activistes de VJI qui ont joué un rôle de premier plan dans l’organisation des campements jusqu’à l’aide matérielle et juridique apportée aux personnes étudiant.e.s activistes. Alors que les administrations des universités McGill et UofT ont décidé de recourir à des injonctions pour faire taire les étudiant.e.s, VJI a cherché à intervenir pour réfuter les fausses allégations d’antisémitisme et s’assurer que les voix des étudiants juifs antisionistes soient entendues. Nous continuerons à soutenir les étudiant.e.s aussi longtemps qu’il le faudra.
Ces universités ont pris des positions courageuses grâce à la mobilisation de leurs étudiant.e.s. En ce moment crucial, des exemples tels que ceux émanant de Montréal, Kingston et Oshawa montrent la voie à suivre pour les administrateurs d’universités de tout le pays : négociez de bonne foi avec vos étudiants et désinvestissez du génocide. Pour reprendre la devise de Queen’s University Apartheid Divest (QUAD), il est temps que les universités se désengagent de la mort et investissent dans la vie.
Le recours aux tribunaux pour tenter de faire taire les demandes légitimes des étudiant.e.s et l’intervention brutale des forces de police à Edmonton, Calgary et Vancouver ne sont pas la voie à suivre. VJI appelle toutes les administrations universitaires du Canada à respecter les valeurs fondamentales à la base de la liberté académique, à dénoncer la destruction systématique du système d’éducation post-secondaire de la Palestine par Israël et le meurtre d’étudiant.e.s, de professionnels universitaires et de chercheur.ses palestinien.e.s.