Le Canada doit prendre des mesures immédiates en réponse à l’agression israélienne à Jénine

Les forces armées israéliennes se sont « retirées » de leur plus récente incursion dans le camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie, qui a fait 12 victimes, dont cinq adolescent·es, parmi la population palestinienne et coûté la vie à un soldat israélien (possiblement tombé sous un tir ami). Au cours de leur opération, elles ont attaqué l’hôpital de Jénine, empêché les ambulances de se rendre jusqu’aux personnes blessées, démoli des routes, détruit des infrastructures de distribution d’eau et d’électricité et ouvert le feu sur des journalistes. Des milliers de résident·es ont dû fuir leurs domiciles lors de ce qui est maintenant considéré comme la plus importante incursion israélienne en Cisjordanie des 20 dernières années.

Même si le Canada a judicieusement condamné la semaine dernière les plus récentes violences commises par les colons contre la population palestinienne (c’est un strict minimum) et exprimé des « inquiétudes » quant à l’approbation par Israël de 5 700 nouveaux logements dans les colonies, le gouvernement canadien est resté complètement silencieux sur cette récente agression militaire d’Israël contre la population palestinienne de Jénine. Il ne s’est pourtant pas empêché de condamner l’attaque à la voiture-bélier perpétrée par un jeune Palestinien contre des Israélien·nes à Tel-Aviv, mardi, une réaction tragiquement prévisible au violent régime d’apartheid déployé par Israël contre le peuple palestinien, dans lequel s’inscrit d’ailleurs la récente attaque sur Jénine.

Au lendemain de l’attaque contre le camp de réfugiés, la porte-parole du NPD en matière d’affaires étrangères, Heather MacPherson, a courageusement tweeté : « Ça suffit! Ça suffit, la violence, l’occupation, l’extrémisme. Une attaque brutale et illégale contre un camp de réfugiés. Des gaz lacrymogènes dans des hôpitaux, des tirs sur des journalistes. Et maintenant des attaques terroristes en représailles contre la population civile. Où est le Canada? Les mots ne suffisent pas. @melaniejoly » Et pourtant, ni Joly ni Trudeau, ni Affaires mondiales Canada, n’ont prononcé un seul mot au sujet de l’attaque sur Jénine. 

L’une des raisons possibles de ce silence est le fait que le Canada est complice des crimes commis par l’armée israélienne en contribuant activement à son armement. Comme l’explique Kelsey Gallagher, du Project Ploughshares : « Le Canada continue d’armer Israël à des niveaux historiquement élevés, en dépit du mépris complet qu’affiche Israël à l’égard de la protection des populations civiles. » Il ajoute que les États parties du Traité sur le commerce des armes (TCA), dont fait partie le Canada, sont tenus à l’interdiction de fournir des armes à des États qui pratiquent l’apartheid, tel que défini par le droit international.

Une autre raison pourrait être que selon certains gouvernements occidentaux, l’opération menée par Israël à Jénine peut être excusée en vertu du droit d’Israël de se défende.

Pour être clair, le gouvernement Trudeau n’a pas fait valoir cet argument au sujet de l’attaque contre Jénine, même si Justin Trudeau a lui-même, à plusieurs reprises, affirmé que le Canada soutient le droit d’Israël de « se défendre » contre la population palestinienne soumise à son autorité.

À l’inverse, le gouvernement Trudeau et le Canada n’ont jamais reconnu ce même droit à la population palestinienne qui vit depuis plus de 50 ans sous occupation militaire et depuis 75 ans sous un régime de colonialisme de peuplement et d’apartheid. Et ce, en dépit de la résolution 37/43 des Nations Unies, adoptée le 3 décembre 1982, qui affirme « la légitimité de la lutte des peuples pour leur indépendance, leur intégrité territoriale et leur unité nationale et pour se libérer de la domination coloniale et étrangère et de l’occupation étrangère par tous les moyens nécessaires, y compris la lutte armée. » Il soutient certainement ce droit pour l’Ukraine contre la Russie. Qu’est-ce qui peut bien expliquer ce deux poids, deux mesures pour la Palestine? 

Quelles que soient les raisons du silence du Canada, il est évident que les déclarations, si tant est que nous puissions même les obtenir, ne suffiront pas. Il est temps que le Canada prenne des mesures tangibles et mette fin à sa complicité avec l’occupation israélienne, le colonialisme de peuplement et l’apartheid. Il pourrait déjà commencer par cesser de vendre des armes à Israël.