Le Canada doit soutenir la cause de l’Afrique du Sud devant la Cour internationale de justice

Depuis plus de cent jours maintenant, notamment grâce au travail des courageux journalistes de Gaza, nous voyons quotidiennement s’accumuler les preuves du génocide perpétré par l’armée israélienne avec l’appui explicite de plusieurs pays occidentaux. La semaine dernière, l’Afrique du Sud a démontré sa solidarité avec la Palestine devant la Cour internationale de justice (CIJ) en invoquant la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide contre les opérations militaires d’Israël à Gaza.

La principale raison d’être de cette convention de l’ONU est la prévention du crime de génocide, qui est défini comme une situation où une nation exprime l’intention de détruire un groupe de personnes et donne suite à cette intention. C’est celle-ci qui distingue le crime de génocide du nettoyage ethnique et de la tuerie de masse.

Les arguments sérieux et convaincants présentés par les juristes sud-africains ont mis en lumière non seulement le massacre généralisé de civils palestiniens, mais aussi la rhétorique et l’intention génocidaire affichées par plusieurs politiciens israéliens à tous les paliers et réitérées par les soldats de Tsahal sur le terrain.

Les arguments mis de l’avant dans le cadre de la plaidoirie sud-africaine, qui avait pour but de convaincre les juges de la CIJ d’ordonner des mesures conservatoires immédiates afin d’empêcher la destruction d’autres vies palestiniennes, ont clairement décrit le crime de génocide perpétré par Israël au nom de la « sécurité des Juifs ».

Dans la foulée de la Deuxième Guerre mondiale et des crimes atroces commis par le régime nazi, des juristes juifs et leurs alliés se sont réunis pour édifier un système qui aurait pour mission d’empêcher que de pareilles horreurs ne se reproduisent jamais.

Le génocide commis aujourd’hui au nom du peuple juif est un affront à ce système, à ces juristes et à toutes les vies juives détruites dans le passé par ce même crime.

Le fait d’avoir subi un génocide ne confère pas au peuple juif un droit de propriété spécial sur l’expérience du génocide. Au contraire, l’histoire nous investit de la responsabilité particulière de faire en sorte qu’un génocide ne se reproduise plus jamais. Nous avons le devoir, en tant que personnes juives, de nous opposer à la violence horrible qui est commise en notre nom, ce qui implique aujourd’hui de pousser le gouvernement du Canada à soutenir les procédures judiciaires menées actuellement contre Israël.

Le gouvernement Trudeau a annoncé qu’il se conformerait à la décision de la CIJ, quelle qu’elle soit. Mais le simple fait de reconnaître la juridiction du tribunal ne suffit pas. Le Canada doit aller plus loin et soutenir officiellement la cause portée par l’Afrique du Sud, comme plusieurs autres pays l’ont déjà fait. Choisir de se tenir à l’écart, d’observer de loin pendant qu’Israël détruit systématiquement une population déjà soumise à une occupation illégale, c’est renoncer aux principes de l’éthique la plus élémentaire au moment le plus critique.

VJI invite les membres de nos communautés à exiger de nos élus qu’ils fassent preuve de courage moral. Restons dans la rue, continuons à interpeller les élus, à envoyer des lettres et à mener des actions directes pour maintenir la pression sur le gouvernement du Canada afin qu’il s’engage à faire sans plus de délai ce qui est juste, équitable et nécessaire : mettre fin au génocide immédiatement.