
Lettre de notre coordinatrice administrative, Emily Albert :
À notre communauté,
Tout au long des Yamim Noraim de cette année, réfléchir et trouver une signification claire a ce moment que nous vivions collectivement m’a semblé être une tâche presque impossible. Faire face avec honnêteté à l’écrasante souffrance infligée aux Palestinien.ne.s cette année est accablant, douloureux, une lourde tâche. Et pourtant, il nous incombe de faire de la vigie, d’être éveillé.e.s à notre monde. C’est le travail de Yom Kippour, et c’est le travail de solidarité.
Lorsque j’étais enfant, c’est ma mère qui se tenait sur la bima – la chaire – pendant les offices des fêtes et qui lançait l’appel annuel à la congrégation pour qu’elle achète des Israel Bonds, des prêts garantis à l’État d’Israël. Prêts garantis à l’État d’Israël, ces obligations étaient présentées à la congrégation comme des investissements non seulement financiers, mais aussi moraux puisqu’elles permettaient d’investir dans un avenir collectif juif. En ce sens, ma synagogue n’était pas unique. Comme pour beaucoup d’entre nous, le sionisme était entièrement imbriqué dans ma vie juive, les célébrations des jours sacrées servant à mobiliser un soutien moral et financier en faveur de l’apartheid.
Aujourd’hui, je suis reconnaissant d’être en communauté avec vous tous.tes. Aujourd’hui, nous pouvons appeler à une vision différente, celle de la libération palestinienne et d’un avenir collectif au-delà du sionisme. Cette année, comme de si nombreux.ses. Juif.ve.s, je ne me rendrai pas à la synagogue de mon enfance. Le sionisme est un fossé qui nous oblige, moi et d’autres personnes de conscience, à quitter de nombreux espaces communautaires. Au lieu de revenir à la synagogue qui m’a vu grandir, j’ai le privilège de prendre la parole lors du office de kol nidre d’une organisation antisioniste locale, au cours duquel je parlerai d’un voyage de solidarité en Palestine que j’ai fait récemment.
Cette année, peut-être que vous comme moi, vous vous réjouissez de pouvoir vivre cette journée avec une nouvelle communauté. Peut-être au contraire vous avez choisi cette année de ne pas le marquer du tout parce que c’est trop douloureux, ou parce que cette nouvelle communauté n’a pas encore été construite.
Nous construisons une expérience juive au-delà du sionisme. Quelle que soit la difficulté de ces semaines, de ces mois, de ces années, mon souhait pour nous tous.tes c’est que nous puissions puiser de la force les un.e.s des autres dans les espaces que nous créons pour nous-mêmes, en laissant de la place à la rage, au chagrin, à l’amour et même à l’espoir.
Au kol nidre de ce soir, je parlerai de témoignage. De ce que pourrait signifier le fait de rendre compte. Ce que cela exige de nous pendant un génocide retransmis en direct sur nos téléhpones. En ce jour où nous faisons souvent le deuil de nos proches décédé.e.s au cours de l’année écoulée, nous pleurerons également le nombre impensable de Palestinien.ne.s mort.e.s aux mains de l’état israélien. Yom Kippour nous invite à faire le bilan et à assumer une responsabilité collective. Je souhaite qu’on puisse trouver un terrain de réflexion et de renouveau, tout en prenant soin les un.e.s des autres.
Nous vous rappelons la ressource suivante, au cas où elle pourrait vous être utile : Days of Awe 5785 : Resources for Ritual and Reflection.
Et si votre tradition de Yom Kippour inclut la tzedakah, veuillez envisager d’en inclure VJI.
G’mar chatima tova, puissions-nous renouveler notre engagement en faveur de la solidarité, la lutte pour la liberté et la justice ensemble ce Yom Kippour.
Solidairement vôtre,
Emily