Des organismes de bienfaisance canadiens financent des crimes de guerre en Israël, dénoncent des groupes de la société civile; des mesures correctives sont réclamées

Ottawa, le 12 avril 2024 – Le Mouvement pour une Paix Juste (JPA) et Voix juives indépendantes (VJI) demandent au gouvernement fédéral de prendre des mesures immédiates concernant le transfert par un organisme de bienfaisance canadien de fonds subventionnés par les contribuables vers des organisations israéliennes impliquées dans des crimes de guerre.

La Mizrachi Organization of Canada, enregistrée comme organisme de bienfaisance depuis 1979, décrit sa mission de bienfaisance comme étant de « soulager la pauvreté ». Ses déclarations de revenus brossent pourtant un tout autre portrait. Comme le révèle une lettre ouverte envoyée hier à la ministre du Revenu national, Madame Marie-Claude Bibeau, Mizrachi Canada offre depuis des années des reçus d’impôt aux contribuables canadiens désireux de soutenir l’armée israélienne et le mouvement des colons extrémistes en Israël. JPA et VJI font également circuler une pétition parlementaire à ce propos, laquelle est parrainée par la porte-parole du NPD en matière de revenu national, Madame Niki Ashton. La pétition a déjà recueilli plus de 4000 signatures depuis sa publication mercredi soir.

Voici une courte liste d’organisations financées par Mizrachi Canada par l’entremise de dons déductibles d’impôt au Canada :

  • Im Tirtzu est une organisation israélienne d’extrême droite qui s’efforce de délégitimer les organismes de défense des droits de la personne et les universitaires progressistes en Israël, qui dit équiper les Forces de défense israéliennes (FDI) « pour la victoire », et qui a été impliquée dans le blocage de camions acheminant de l’aide humanitaire aux civils affamés de Gaza;
  • la Duvdevan Foundation est un organisme de bienfaisance israélien qui dit offrir du soutien aux membres actuels de l’unité Duvdevan des FDI, lesquels se livrent notamment à des exécutions extrajudiciaires de Palestiniens et de Palestiniennes; et
  • Regavim est une organisation radicale procolons cofondée par le ministre israélien d’extrême droite, Bezalel Smotrich, qui s’emploie à déposséder les Palestiniens et Palestiniennes de leurs terres et à faciliter la colonisation illégale en Cisjordanie occupée;

« Cette liste est représentative de certaines des organisations israéliennes les plus extrêmes et, pour tout dire, les plus génocidaires qui soient », selon le coordonnateur national de Voix juives indépendantes Canada, Corey Balsam. « Il est absolument scandaleux que le gouvernement ait fermé les yeux sur ces pratiques et permis qu’elles perdurent jusqu’à maintenant. »

La directrice du Mouvement pour une Paix Juste, Karen Rodman, est impliquée dans ce dossier depuis 2022 et a participé à la rédaction de cinq plaintes distinctes adressées à l’Agence du revenu du Canada concernant les activités de Mizrachi Canada. « Il ne devrait pas être nécessaire que des groupes de la société civile se chargent de signaler des transgressions aussi grossières de la part d’un organisme de bienfaisance canadien, mais nous en sommes là. Nous avons présenté cinq plaintes à l’ARC, totalisant des centaines de pages. Nous lui avons fourni tous les détails sur les fonds provenant des contribuables qui sont transférés aux colonies israéliennes illégales et à des organisations militaires, nous avons clairement fait état de nos préoccupations relatives à la Loi de l’impôt sur le revenu, et pourtant le gouvernement n’a toujours rien fait. Il y a un génocide en cours en Palestine, et nous en sommes tous et toutes complices par inadvertance en raison de l’inaction du gouvernement. En tant que contribuable canadienne, je refuse d’accepter cela. »

La lettre ouverte adressée à la ministre est également signée par Miles Howe, un professeur associé de criminologie critique à l’Université Brock, qui est aussi l’auteur d’un article portant sur Mizrachi Canada à paraître dans le numéro d’avril/mai du State Crime Journal. « Les activités de Mizrachi Canada contreviennent directement à la Loi de l’impôt sur le revenu, aux politiques en vigueur au Canada ainsi qu’au droit international », explique-t-il. « Et ça ne se limite pas à Mizrachi Canada. C’est une sorte de secret de polichinelle que l’ARC semble détourner le regard lorsqu’il est question des transgressions d’organismes de bienfaisance qui transfèrent des fonds du Canada vers Israël. »

D’autres organismes de bienfaisance enregistrés au Canada ont été identifiés comme donnant leur appui à des activités liées aux colonies israéliennes ou à l’armée israélienne, et ces organismes conservent leur statut malgré les plaintes formulées à leur égard. C’est le cas par exemple de l’Heseg Foundation, de la Ne’eman Foundation, de la Jewish Heritage Foundation et de la Canadian Zionist Cultural Association.

« Mizrachi Canada n’est que la pointe de l’iceberg », poursuit Corey Balsam. « C’est pourquoi, en plus d’exiger la révocation du statut d’organisme de bienfaisance de Mizrachi Canada, nous demandons à la ministre de prendre des mesures exhaustives pour mettre fin une fois pour toutes aux abus observés au sein du secteur de bienfaisance canadien. »

Les médias peuvent adresser leurs demandes à :

Willa Holt, coordonnateur des communications pour VJI, (514) 418-8546, willa@ijvcanada.org;

Karen Rodman, directrice exécutive, Mouvement pour une Paix Juste, karen.rodman@justpeaceadvocates.ca;

Miles Howe, professeur associé, criminologie critique, Université Brock, mhowe@brocku.ca.