“Du fleuve à la mer, la Palestine sera libre” n’est pas un discours de haine

“Du fleuve à la mer, la Palestine sera libre.”

Pour avoir diffusé ces dix mots simples mais poignants, un militant de Calgary a été arrêté, une projection de film à Montréal a été annulée, un journaliste de CNN a perdu son emploi et une membre du Congrès a été réprimandée.

Ces actes de censure sont extrêmement préoccupants, car ils témoignent d’une ignorance généralisée quant à la nature de ce chant et de son message. Considérer cette déclaration comme un « discours de haine » ou un « appel à la violence » est une erreur fondamentale qui sert à faire taire les voix qui s’expriment en faveur des droits humaines.

« Du fleuve à la mer » regroupe de nombreux espaces dans lesquels Israël exerce son contrôle sur les Palestiniens.

Le chant représente un appel à la libération de la Palestine du colonialisme, un appel au respect de la liberté et des droits humaines des Palestiniens sur l’ensemble de leur territoire.

Il ne peut être intrinsèquement violent d’appeler au respect de sa propre dignité. Ainsi, qualifier la quête palestinienne de liberté de fondamentalement antisémite ou violente relève de l’islamophobie et d’une forme de racisme anti-palestinien.

Les critiques pro-israéliens ne peuvent pas passer sous silence. Ce que les Palestiniens eux-mêmes disent de leur propre mouvement de libération. Et surtout, ils ne peuvent pas passer au nom des juifs. Les juifs ne sont pas un corps monolithe, et de nombreuses voix juives reprennent ce refrain aux côtés des Palestiniens, sans aucune hésitation.

Le réflexe de qualifier les appels à la liberté  de violents provient d’un état d’esprit fondamentalement oppressif. Aucun des alliés palestiniens de VjI ne croit pas en une Palestine libre qui réprime la vie juive. L’hypothèse selon laquelle les appels à la libération de la terre et du peuple de Palestine exigent l’éradication des juifs est une symétrie mal appliquée de l’attitude de l’État israélien. L”Etat qui considère que les droits des juifs ne peuvent être respectés qu’aux dépens des droits et des vies des Palestiniens.

La charte fondatrice du Likoud de Netanyahou stipule qu' »entre la mer et le Jourdain, il n’y aura que la souveraineté israélienne ». L’accord de coalition du gouvernement israélien actuel va dans le même sens, ne reconnaissant que la souveraineté juive sur l’ensemble du territoire.

Autrement dit, ce n’est pas parce que les politiciens israéliens considèrent les Palestiniens comme des « animaux humains » dignes d’être éradiqués que les Palestiniens voient les juifs de la même manière.

Lorsque les alliés juifs et les autres partisans pour la libération de la Palestine se joignent à ce chant, ils rêvent collectivement  à une Palestine-Israël dans laquelle personne n’est contraint de vivre dans l’apartheid, d’être confronté à un génocide ou de perdre sa maison. Cet acte d’imagination post-coloniale est fondamental pour la réparation du monde, le tikkun olam, pour tous ceux qui l’habitent.