La répression de la solidarité avec la Palestine sur les campus doit cesser

En réponse aux attaques meurtrières du Hamas, Israël se livre depuis plusieurs semaines à une campagne de bombardement ininterrompue sur les quelque 2,3 millions de résidant·es de la bande de Gaza. Les victimes civiles palestiniennes se comptent désormais par milliers. En même temps, Israël a coupé les services d’électricité et d’eau courante, d’internet et de téléphone à Gaza, en plus d’empêcher l’accès des convois d’aide humanitaire. Les restrictions à ces services essentiels sont considérées en droit international comme un crime de guerre. Certaines personnes ont perdu leur famille au complet, et les Palestinien·nes et leurs allié·es du monde entier suivent l’actualité avec un mélange de peine et de rage.

Tandis que des politiciens comme Justin Trudeau continuent de garantir leur soutien à Israël, de plus en plus de personnes se mobilisent pour montrer aux gouvernements que la population du Canada souhaite un cessez-le-feu immédiat. Des manifestations ont eu lieu d’un océan à l’autre, dans de grandes villes, comme Toronto et Vancouver, dans de plus petites villes, comme Halifax, ainsi que sur de nombreux campus. Même des élèves du secondaire à Toronto ont organisé des débrayages pour manifester leur solidarité avec le peuple palestinien.

Le fait de défendre les droits de la personne des Palestinien·nes a souvent un coût au Canada, en particulier dans les établissements d’enseignement supérieur. En 2022, Voix juives indépendantes a publié un rapport documentant la répression de la solidarité avec la Palestine ciblant les corps étudiant et professoral sur les campus du Canada. Depuis le début de l’actuelle campagne de violence menée par Israël contre Gaza, le climat dans les universités est plus que jamais marqué par les mesures répressives et punitives.

Des associations étudiantes à l’Université McGill, l’Université de la Colombie-Britannique, l’Université de Toronto, l’Université métropolitaine de Toronto et l’Université York ont organisé des manifestations et publié des déclarations pour montrer leur appui au peuple palestinien et réclamer la fin immédiate du génocide en cours à Gaza. En réponse, les administrations universitaires ont condamné leurs étudiant·es et menacé de retirer l’accréditation des syndicats étudiants.

Les universités sont censées être des établissements où les jeunes apprennent et explorent de nouvelles idées et commencent à participer au débat public. Il est donc inapproprié pour ces administrations de menacer d’intervenir pour compromettre la carrière universitaire de ces étudiant·es en raison de leurs convictions politiques. Si une administration universitaire est en désaccord avec le contenu d’une déclaration, elle a tout à fait le droit d’exprimer publiquement sa désapprobation ou son désaveu, comme cela a déjà été fait. De la même manière, si un corps étudiant n’est pas d’accord avec les actions de ses représentant·es syndicaux, il peut tout à fait chercher à les démettre de leurs fonctions au moyen des mécanismes existants, comme les élections. Mais le fait pour une administration universitaire d’interférer de manière aussi agressive dans le parcours académique des étudiant·es constitue un dangereux précédent d’ingérence injustifié.

Les universités ont l’obligation de protéger la liberté d’expression et la diversité des perspectives sur les campus. Les cadres et les administrations n’ont pas besoin d’être d’accord avec tous les sentiments exprimés et toutes les déclarations faites par les corps étudiant et professoral. Il s’agit d’ailleurs d’un des fondements de la liberté académique enchâssée dans les protocoles universitaires tels que la titularisation des enseignant·es. Bien que certaines personnes puissent être en désaccord avec ce qui est exprimé, le droit de prendre la défense des droits de la personne et des droits civils et politiques du peuple palestinien sur le campus doit être considéré comme sacro-saint. Le précédent punitif que certaines administrations sont en train d’établir portera préjudice à tous les groupes en quête d’équité dans les universités, y compris les étudiant·es juif·ves qui soutiennent les droits du peuple palestinien.

Nous demandons à ces universités de mettre fin aux mesures punitives contre les étudiant·es, les membres du personnel et les enseignant·es qui expriment leur soutien à la Palestine.