McGill: Cessez les attaques sur la solidarité avec la Palestine et la démocratie étudiante

La lettre ci-dessous a été envoyée à l’administration de l’université McGill de la part de Voix juives indépendantes Montréal (VJI) le 7 avril, 2022.

Chère Suzanne Fortier, principale et vice-chancelière et Fabrice Labeau,
premier vice-principal exécutif adjoint (études et vie étudiante),

Voix juives indépendantes (VJI) Montréal est une organisation formée de personnes étudiantes et non-étudiantes de la communauté juive de Montréal.

Nous souhaitons par la présente exprimer notre solidarité avec les étudiants et les étudiantes de McGill qui ont adopté démocratiquement (à 71 %) une Politique de solidarité avec la Palestine. C’est une bénédiction de compter dans notre communauté autant d’étudiants et d’étudiantes passionné·e·s pour qui la défense des droits de la personne et de la justice sociale est une priorité, et nous tenons à féliciter l’Association étudiante de l’Université McGill (AÉUM) ainsi que l’association des Étudiants et étudiantes de McGill en solidarité pour les droits humains palestiniens (SPHR) d’avoir mis de l’avant cette résolution importante.

Des associations étudiantes de quatre grandes universités canadiennes (McGill, Concordia, l’Université de Toronto et l’Université de Colombie-Britannique) ont adopté des résolutions de solidarité avec la Palestine, avec de fortes majorités, au cours des derniers mois. Cela reflète un extraordinaire élan de solidarité motivé par un désir de justice suite à la publication en février dernier d’un rapport d’Amnesty International confirmant qu’Israël se livre à des pratiques d’apartheid. À l’Université de Toronto également, l’administration s’attaque à la démocratie étudiante et menace de couper le financement de l’association étudiante.

Nous sommes consterné·e·s devant la réaction de l’administration de McGill et le lobby pro-israélien, qui attaquent et rabaissent les étudiants et les étudiantes ayant osé soutenir les droits des Palestiniens et des Palestiniennes. Chacune de vos récriminations contre l’AÉUM est fondée sur une seule et unique fausse prémisse : que toute critique formulée à l’endroit d’Israël est une manifestation d’antisémitisme. Un très grand nombre de Juifs et de Juives, dont beaucoup font partie d’organisations de défense des droits de la personne en Israël même, rejettent catégoriquement ce sophisme. Le soutien apporté aux droits fondamentaux d’un peuple n’est pas une attaque contre les droits fondamentaux d’un autre peuple.

Dans une déclaration rendue publique peu après le vote, B’nai Brith Canada s’est vanté de l’efficacité avec laquelle l’organisme a fait pression sur l’administration de McGill pour qu’elle s’oppose à l’adoption d’une Politique de solidarité avec la Palestine par l’association étudiante. B’nai Brith se dit également fier de soutenir les contestations judiciaires menées par des étudiants et étudiantes juif·ves contre les universités.

En réponse à B’nai Brith, votre principale, Suzanne Fortier a écrit : « L’administration de McGill prendra également toutes les mesures nécessaires pour que nos étudiants continuent à se sentir en sécurité et à l’abri du harcèlement, notamment en tenant le SEUM (sic) responsable des principes et des valeurs de sa propre constitution. » Cette réponse fait écho à la manière dont l’Université McGill s’était opposée aux étudiants et étudiantes qui avaient voté en faveur de la campagne BDS en 2016.

En tant que Juifs et Juives, notre intelligence est insultée par ce canular flagrant. En tant que militants et militantes pour la défense des droits de la personne, nous sommes consterné·e·s par la façon avec laquelle l’administration de McGill applique deux poids, deux mesures pour déterminer lesquel·le·s de ses étudiant·e·s doivent être « protégé·e·s », en accordant la priorité aux demandes de ceux et celles qui soutiennent l’apartheid israélien et la brutale colonisation juive des terres palestiniennes.

L’administration de McGill a choisi de ne pas garantir la sécurité des étudiants et des étudiantes palestinien·ne·s en se rangeant avec B’nai Brith pour accuser l’association étudiante de promouvoir l’antisémitisme lorsque celle-ci a soutenu la campagne BDS en 2016.

McGill ne défend certainement pas la sécurité des Palestiniens et des Palestiniennes lorsqu’elle coopère avec l’industrie israélienne de l’armement, dont Computational Fluid Dynamics Laboratory (CFD Lab), qui participe au développement de drones de combat israéliens, ou lorsqu’elle maintient des relations avec l’Institut de technologie Technion-Israel, qui est associé aux forces armées israéliennes.

L’administration de McGill a choisi de ne pas garantir la sécurité de ses propres étudiants et étudiantes palestinien·ne·s et juif·ves nommé·e·s par le site Internet haineux Canary Mission, lequel s’attaque aux étudiants et étudiantes qui défendent les droits de la personne du peuple palestinien. 

McGill n’a pas non plus protégé la sécurité des étudiants et des étudiantes palestinien·ne·s, en 2015, lorsque des professeur·e·s et des sympathisant·e·s ont coparrainé, avec l’Institute for the Study of Global Antisemitism and Policy, une conférence où l’historien israélien Benny Morris a justifié le nettoyage ethnique des Palestiniens et Palestiniennes en 1948 parce qu’il a permis au jeune État d’Israël de réussir.

Il est plus que temps que McGill cesse d’opérer une discrimination contre les étudiants, les étudiantes et les membres du personnel qui soutiennent les droits de la personne des Palestiniens et des Palestiniennes.

Cordialement, 

Voix juives indépendantes Montréal

communications@ijvcanada.org