Déclaration de VJI-Montréal concernant l’adoption par l’arrondissement CDN-NDG de la définition de l’antisémitisme de l’IHRA

[La mairesse de Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce, Sue Montgomery. Photo: Sarah Mongeau-Birkett, La Presse]

Le 27 janvier, lors d’une séance spéciale de son conseil, l’arrondissement Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce (CDN-NDG) a adopté, à très court préavis, la définition de l’antisémitisme dangereusement trompeuse mise de l’avant par l’Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste (IHRA). 

L’adoption de cette définition controversée par le conseil d’arrondissement de CDN-NDG est un gain net pour Israël, qui est désormais considéré comme un État d’apartheid par sa principale organisation de défense des droits humains, B’Tselem. C’est aussi un revers important pour les résident·e·s palestinien·ne·s de l’arrondissement et les défenseur·e·s des droits des  palestinien·ne·s. La motion ne manquera pas de diviser encore plus les résident·e·s de l’arrondissement, dont beaucoup sont des immigrant·e·s de la classe ouvrière intimement lié·e·s aux mouvements pour la justice sociale et la solidarité internationale.

« Il faut souligner la manière antidémocratique par laquelle s’est prise la décision litigieuse d’adopter la définition de l’IHRA », déclare Dolores Chew, une résidente et militante de NDG qui s’oppose à la motion. « Cela montre bien que si les résidents et résidentes de NDG-CDN en avaient été informées à l’avance, les choses se seraient passées autrement. La manœuvre est sournoise, nauséabonde, et entache le processus démocratique. Lorsque les politiciens et les politiciennes échappent la confiance de la population, il ne leur reste plus rien. »

La redéfinition de l’antisémitisme mise de l’avant par l’IHRA est instrumentalisée par le lobby pro-israélien pour faire planer une menace sur quiconque ose critiquer l’apartheid israélien ou le sionisme. Si, pour la forme, la définition tolère les critiques à l’endroit d’Israël, le fait qu’elle ait déjà été instrumentalisée pour faire taire de telles critiques révèle sa véritable fonction.

« Il est fort choquant qu’on se soit servi de la Journée internationale de commémoration de l’Holocauste comme prétexte pour faire adopter cette définition largement discréditée », a déclaré Rachel Berger, elle-même la petite-fille d’un survivant de l’Holocauste, résidente de NDG et membre de VJI. « Si l’Holocauste ne nous a enseigné qu’une chose, c’est bien que “plus jamais” signifie “plus jamais pour personne”, et que l’autodétermination des Juifs ne peut s’accomplir au détriment de celle des autres peuples, en particulier celle des Palestiniens et Palestiniennes. »

Chaque fois que la définition de l’IHRA a été présentée et débattue en public, comme ça a été le cas à Vancouver, Calgary et Montréal, elle a été rejetée. Le fait que, pour qu’elle passe, les votes sur la définition de l’IHRA doivent être pris à la hâte ou furtivement témoigne du pouvoir de la majorité de Canadiens et de Canadiennes qui soutient les droits humains. En effet, un récent sondage EKOS a révélé que 80 % des Canadiens et des Canadiennes ne sont pas d’accord pour dire que la critique des violations des droits de la population palestinienne par Israël relève de l’antisémitisme.

VJI demande à la Ville de Montréal de tenir bon et de refuser toute nouvelle pression du lobby pro-israélien visant à lui faire adopter la définition de l’IHRA. Nous demandons également aux autres conseils municipaux, administrations et établissements d’enseignement au Canada de se positionner fermement en faveur de la liberté d’expression et des droits humains, et de rejeter la définition de l’IHRA.

Pour plus d’information, contactez: communications@ijvcanada.org